En sabbatique du 1er janvier au 1er juillet (2009)
Année sabbatique: Selon le Petit Robert, septième année pendant laquelle on devrait laisser reposer la terre et ne pas exiger de créance ! Fig. Année de congé accordée tous les 7 ans aux professeurs de certaines universités des États-Unis et du Canada.
Ici le terme congé est à nuancer. Par congé, on entend période lors de laquelle un professeur est déchargé de son enseignement et de ses tâches administratives (s'il y en a) afin qu'il puisse écrire et réaliser des projets scientifiques et/ou académique. Dans un monde scientifico-académique où il faut publier pour monter en grade (voir ci-dessous), cette période est nécessaire pour ceux qui s'impliquent dans les activités académiques de leur département.
Publiez ou périssez
La maxime "Publiez ou périssez", en anglais "Publish or perish", fait référence à la pression qu'on les professeurs et les chercheurs à publier des articles scientifiques, afin d'être promus ou de tout simplement pouvoir garder leur poste à l'université ou au centre de recherche. Cette exigence académique est une pièce maîtresse d'un vaste engrenage politico-scientifique dont la mécanique peut paraître plutôt déroutante. Plusieurs stratégies, certaines plus ou moins nobles, peuvent être observées.
Le facteur d'impact (FI)
La première est de viser une publication dans une revue possédant un bon facteur d'impact. Le facteur d'impact (FI) est une mesure visant à distinguer les revues scientifiques selon leur mérite, leur popularité et leur importance dans la communauté scientifique. Si on dit d'une revue qu'elle a un FI de 3.435 en 2007, qu'est-ce que cela veut dire et comment a-t-on obtenu ce chiffre? C'est très simple, on prend:
Le nombre de citations en 2007 d'articles publiés en 2005 (653) et en 2006 (721), donc total = 1 374
- Diviser par le nombre d'articles publiés dans la revue en 2005 (N=205) et en 2006 (N=195), donc total = 400
- Donc FI = 1 374 / 400 = 3.435
De nombreuses critiques ont été soulevées sur cette façon de mesurer l'excellence scientifique. Veuillez consulter les sites suivants pour en savoir davantage sur les forces et limites de cette mesure:
En anglais (information plus complète)
Le Least Publishable Unit (LPU)
Le "least publishable unit" ou LPU réfère au minimum d'information qui peut être le sujet d'un article scientifique. Ceci est plutôt péjoratif dans le monde scientifique, car cela signifie que plutôt d'écrire un article exhaustif sur une question de recherche, on le divise en plusieurs petits articles et ce, afin d'augmenter l'épaisseur de son curriculum vitae. Toutefois, il est possible qu'une telle stratégie permette de présenter des résultats plus clairement et qu'un court article soit davantage consulté qu'un article qui multiplie les questions de recherche et qui tente d'en faire une synthèse cohérente. L'article idéal est entre les deux, et à la fois court et complet. L'objectif est de traduire une question de recherche relativement complexe en des termes et explications relativement simples.
Le troc des auteurs et la collaboration stratégique
Une autre stratégie assez courante est pour un auteur X, de mettre le nom de d'autres auteurs qui ont plus ou moins collaborer à l'étude; ceux-ci en échange mettront le nom de X sur un de leur futur article. Certains nomment cela de la collaboration, d'autres de l'altruisme stratégique. Un autre moyen est de mettre le nom d'une sommité parmi la liste des auteurs (avec son consentement bien sûr). Cette sommité, ayant sûrement de très bons contacts auprès des éditeurs de certaines revues, peut donc influencer quelque peu la décision éditoriale selon le principe "Si Dr. Sommité est sur l'article, ça doit être bon et ça va augmenter la popularité de notre revue et donc de notre facteur d'impact" ou encore "Je me vois mal refuser un article avec Dr. Somité qui pourrait très bien être évaluateur de ma prochaine demande de fonds" ! Évidemment, ce n'est pas aussi flagrant que cela, mais les décisions éditoriales peuvent être teintées par ces considérations politiques.
Les citations ciblées
C'est important que la question de recherche, les analyses statistiques employées, les résultats et les conclusions plaisent à ceux qui évaluaront la qualité scientifique de l'article. Bien sûr, on ne peut prédire à 100% qui évaluera votre article, mais étant donné que votre sujet est fort spécifique et que le nombre de chercheurs qui travaillent sur cette problématique est limité, la probabilité que Dr X ou Dr Y ou un de leur proche collaborateur soit impliqué est non négligeable. Ainsi, si vous écrivez un article sur un sujet fort spécifique sur lequel Dr X et Dr Y ont amplement travaillé, alors citez les études de Dr X et Dr Y et surtout, confirmez leurs résultats! Votre étude est mieux d'être exempte de toute faille logique ou méthodologique si vos conclusions vont à l'encontre de leurs conclusions basées sur plus de 25 ans de recherche; cela signifierait qu'ils ont eu tort tout ce temps! Ce qu'il faut donc, c'est une certaine dose d'humilité diplomatique.
Le plagiat !
Finalement, un autre moyen pas très subtil est de reprendre textuellement un article déjà publié! Heureusement, cette fraude n'est pas très courante! Voici un exemple flagrant: des fraudeurs on repris mot à mot un article déjà écrit une année plus tôt par d'autres chercheurs. Seul le titre est différent! Mais comment pensaient-ils s'en sortir?
Article des fraudeurs
Consultez le site improbable.com, un site tout en humour avec des anecdotes scientifiques des plus salées, en particulier sur les études les plus invraisemblables (et les plus inutiles) qui sont publiées et qui se sont méritées un prix IGNobel (lire ignoble)!