Nanoparticules, méga-questions?

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Claude Viau, Chaire d'analyse et de gestion des risques toxicologiques, Département de santé environnementale et santé au travail, Université de Montréal, C.P. 6128, succursale Centre-Ville, Montréal (QC) Canada, H3C 3J7, Publié dans Travail et santé 23 : 28, 2007

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Une marque de sagesse au Québec? Peut-être. Alors que les nanotechnologies bouillonnent, passionnent et inquiètent, NanoQuébec a favorisé la mise sur pied d’un groupe de réflexion sur divers aspects de ce que l’on qualifie parfois de « nouvelle révolution industrielle ». Et ces aspects ne concernent pas seulement leur développement commercial. Comme l’indique son site Web (http://nanoquebec.ca), « NanoQuébec, un organisme à but non lucratif dont les principaux partenaires financiers sont le MDEIE (Ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation) et Développement économique Canada, joue un rôle majeur de planification et de structuration des nanotechnologies au Québec. » Son comité de liaison universitaire a résolu de mettre sur pied un groupe de travail afin d’élaborer une stratégie de recherche concernant les aspects éthiques, environnementaux, économiques, légaux et sociaux liés aux nanotechnologies. Au moment de la publication du présent numéro de Travail et santé, une réunion aura tout juste eu lieu dans les Laurentides afin de jeter les bases d’un réseau québécois de transfert de connaissances constitué de spécialistes intéressés par les nanotechnologies. Ces spécialistes proviennent de divers horizons, de la physique à la toxicologie en passant par l’ingénierie et l’éthique. Ce qui apparaît comme une marque de sagesse ici, c’est qu’on ose se poser de multiples questions sur les impacts potentiels des nanotechnologies avant qu’elles ne nous envahissent tout à fait. On reconnaît qu’il y a plein de lacunes dans nos connaissances et qu’il faudra y penser à deux fois avant de se lancer tête baissée dans l’inconnu. De plus, cette réflexion ne se cantonne pas aux sciences physiques ou biomédicales, mais elle interpelle également le domaine de l’éthique. D’ailleurs, la Commission de l’éthique de la science et de la technologie a récemment émis un avis sur le sujet des nanotechnologies[1]. Réfléchir sur les impacts potentiels à tous points de vue de nouvelles technologies, voilà qui a un petit air rafraîchissant. En effet, il n’y a pas si longtemps qu’on rejetait n’importe quel polluant dans les cours d’eau, prétendant que leur dilution serait telle qu’il ne pourrait causer de problème. Puis, on a avancé aussi que le bioxyde de carbone et d’autres gaz qu’on rejette dans l’environnement ne pouvaient pas affecter l’équilibre de notre planète. Voyons donc! Qu’est-ce qu’une cheminée par rapport à l’immensité de notre atmosphère? On connaît la suite. On a attendu que ces problèmes nous frappent de plein fouet avant de s’en préoccuper et d’élargir la discussion à leur sujet à des gens de toutes tendances et disciplines. Alors, pour une fois qu’on aborde les problèmes potentiels quelque peu en amont, il y a lieu de s’en féliciter, tout en continuant d’être vigilants.

[1] Voir http://www.ethique.gouv.qc.ca/Ethique-et-nanotechnologies-se.html#documents, consulté le 11 juin 2007