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Claude Viau, Département de santé environnementale et santé au travail, Université de Montréal, C.P. 6128, succursale Centre-Ville, Montréal (QC) Canada, H3C 3J7, Publié dans Travail et santé 11: S1, 1995

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L'article apparaissant dans les pages scientifiques de ce numéro a remporté le premier prix du concours "Les prix d'Excellence Travail et santé", cuvée 1994, et il convient, une fois de plus, d'en féliciter la première auteure, Marie Authier. Partant du constat que certaines personnes sont peu ou pas affectées par des désordres musculosquelettiques dans l'accomplissement de leurs tâches, les auteures ont cherché à comprendre de quelle façon ces personnes procédaient pour se préserver de ces atteintes. On peut donc dire que les auteures ont cherché à déterminer pourquoi une exposition à un même "agresseur" (la charge à manutentionner) ne causait pas les mêmes effets délétères chez toutes les personnes. Bien plus, le travail visait à comprendre un des mécanismes de la résistance observée chez certains individus. Le biais toxicologique de l'auteur de cette colonne l'a amené, à la lecture de cet article, à examiner la transposition d'une telle étude au cas de l'exposition à des substances toxiques. En effet, toutes les personnes ne sont pas également sensibles aux effets toxiques des agresseurs chimiques du milieu de travail. Les études visant à en évaluer les raisons touchent cette fois aux différences dans le devenir métabolique des substances, à la masse de tissu adipeux, à l'exposition concomitante à d'autres substances non liées au milieu de travail (p. ex. médicaments) et ainsi de suite. Mais puisque l'on se trouve alors dans le domaine des variables biologiques "intimes" des individus, on rencontre souvent, à plusieurs endroits à travers le monde, plus de réticences de la part des personnes concernées à permettre la réalisation de telles études. Dans la mesure où l'on cherche à comprendre des mécanismes d'action visant en bout de piste la protection des individus, est-il à ce point plus inquiétant d'étudier une enzyme manquante ou défectueuse que de vérifier les facteurs de susceptibilité chez une personne appelée à manutentionner des charges plus ou moins lourdes? La comparaison est, bien sûr, boiteuse à plus d'un titre. Ainsi, dans le cas de la manutention, les personnes concernées peuvent exercer un certains contrôle sur la façon dont ils sont exposés à "l'agresseur" alors qu'on ne contrôle pas le fonctionnement de ses propres enzymes. Il ne reste donc plus qu'à reporter à plus tard la discussion sur ces dernières!