Site de Benoît Melançon / Thèses canadiennes en littérature française du XVIIIe siècle
Rioux-Beaulne, Mitia, «Diderot et la productivité de l’esprit : aspects gnoséologiques, épistémologiques et esthétiques de l’invention», Montréal, Université de Montréal, thèse de doctorat, 2006, 418 p. Dir. : Daniel Dumouchel.
Cette thèse prend pour point de départ cette considération que le développement conjoint du nominalisme et du sensualisme a permis aux philosophes de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle de contribuer à la promotion d’une conception de l’esprit comme instance productive plutôt que contemplative. Le développement de cette conception de l’esprit a eu un impact dans la façon de considérer son fonctionnement, le statut des concepts et de leurs manifestations dans la pratique.
Dans cet horizon, Diderot occupe une position singulière, notamment marquée par le fait que cette conception de l’esprit est déployée dans un cadre matérialiste, où la productivité de l’esprit doit être pensée comme un effet de la productivité de la nature. Cela a pour résultante fondamentale de donner une interprétation expérimentale à tout le champ de l’activité de l’esprit. La productivité de l’esprit telle que Diderot la conçoit a été ici interrogée en fonction de trois lieux théoriques.
Du point de vue d’une dynamique de l’esprit, on note, dans un premier temps, que le matérialisme de Diderot conduit à accorder une place prépondérante à l’imagination comme faculté productive de concepts. Dans un deuxième temps, on remarque que la production de concepts donne lieu à la construction d’entités (notamment langagières) qui ont une incidence en retour sur la productivité de l’esprit, qui place cette dernière sur le terrain de l’histoire. De là découle une ontologie des concepts, où les productions de l’esprit sont envisagées en fonction de leur mode d’être.
Du point de vue d’une théorie de la science, la production de concepts est envisagée comme construction progressive d’un savoir se donnant comme une interprétation de la nature, construction qui, réfléchie, définit les exigences épistémologiques d’une science expérimentale.
Par analogie, on peut alors penser une théorie des beaux-arts comme lieu d’avènement d’une esthétique expérimentale, où la productivité de l’esprit se manifeste sur le plan d’une production d’objets dont la matérialité même est le concept, c’est-à-dire d’objets qui donnent à la connaissance la forme d’une expérience.
Mots-clés : Philosophie • Diderot • Philosophie des Lumières • Gnoséologie • Épistémologie • Esthétique • Imagination • Esprit • Science • Art
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