Site de Benoît Melançon / Thèses canadiennes en littérature française du XVIIIe siècle


Léger, Benoît, «Une Fleur des païs étrangers : Desfontaines traducteur au XVIIIe», Montréal, Université McGill, thèse de doctorat, août 1999, lvii/351 p. Dir. : Chantal Bouchard et Paul St-Pierre.


L’analyse des traductions de l’anglais en France au XVIIIe siècle se résume souvent à la critique des «belles infidèles», sans rendre compte de la complexité des enjeux traductionnels et idéologiques qui se manifestent dans ces textes. Les premières traductions des œuvres de Swift, Pope et Fielding, s’inscrivent dans cette tradition héritée du XVIIe siècle, mais elles préparent également le terrain des Lumières. Traduire le sarcasme swiftien dans Gulliver’s Travels, le «badinage» de Pope dans The Rape of the Lock, l’histoire médicale de Clifton dans le contexte du newtonianisme ou encore la satire sociale de Joseph Andrews, peu importe le degré de «fidélité» de ces traductions, n’est jamais un processus innocent. Ces enjeux se doublent de problèmes formels, tant traductionnels qu’esthétiques, lorsqu’il faut traduire la poésie ou des textes romanesques.

Le rôle de l’abbé Desfontaines est incontestable : en tant que journaliste, il commente, critique et analyse les traductions de la littérature anglaise et surtout la translation de la pensée anglaise dans le système français. Ses nombreux textes satiriques le montrent également qui prend position face aux enjeux de son temps. Encore plus libre dans son activité traduisante, il est un des premiers traducteurs de la littérature anglaise entre 1727 et 1743.

Dans ses traductions, Desfontaines adapte, imite ou censure certains éléments considérés comme inacceptables en français, et on l’a donc considéré comme «traducteur infidèle», ce qui ne tient pas compte de son projet de traduction tel qu’il s’énonce dans l’important appareil paratextuel de ses traductions. Les pages de titres, et surtout les instances péritextuelles de ses traductions montrent d’abord comment il définit son activité de traducteur et de médiateur de la littérature anglaise par rapport à ses collègues traducteurs, mais l’analyse des dédicaces, préfaces et avertissements, de même que des notes du traducteur, démontre également qu’il est conscient des aspects les plus polémiques de ces textes. Afin d’éviter l’impasse de la critique de la «fidélité» de ses traductions, c’est à son discours paratextuel que l’on s’est intéressé ici afin de définir son projet de traduction et sa poétique traductionnelle.


Retour à la liste des thèses canadiennes en littérature française du XVIIIe siècle

Retour au site de Benoît Melançon


Licence Creative Commons
Le site de Benoît Melançon est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale 4.0 international.