Site de Benoît Melançon / Thèses canadiennes en littérature française du XVIIIe siècle
Fiore, Francesca, «L’évolution des voix/voies de femmes dans leurs écrits sur l’Église aux XVIIe et XVIIIe siècles», Kingston, Queen’s University, thèse de doctorat, 2016, ix/344 p. Dir. : Agnès Conacher et Elisabeth Zawisza. URL : <https://qspace.library.queensu.ca/bitstream/handle/1974/14636/Fiore_Francesca_201606_PhD.pdf>.
Depuis l’apparition du courant féministe, de nombreuses femmes écrivains sont devenues visibles et leurs formes de vécu, d’expression et de résistance ont été étudiées par des chercheurs représentant divers domaines. Cette thèse, cependant, se penche sur les œuvres de femmes qui sont engagées religieusement, qui sont à la recherche de Dieu ou qui se singularisent par un vécu de l’entre-deux, à la fois religieux et contestataire. Cette étude historico-féministe porte sur la résistance hétérodoxe de six femmes françaises se situant à l’intérieur et à l’extérieur du cloître, et ceci à des époques particulièrement intéressantes pour les femmes et pour la modernité : les XVIIe et XVIIIe siècles. Elle vise à montrer comment ces femmes, doublement assujetties par le discours de l’Église et celui de la société, sont parvenues à vivre leur vocation féminine et chrétienne, et à mettre en place des discours sociaux, culturels et religieux qui ont contribué à changer la place de la femme en général. Cette analyse essaie de saisir les similarités et les différences entre les réflexions et les actions des femmes provenant de deux mondes — religieux et laïc. Elle montrera ainsi que, en premier lieu, indépendamment du siècle, de l’espace et des assises intellectuelles dont elles sont tributaires, ces femmes s’élèvent contre les institutions et les médiations masculines (patriarcales, ecclésiales, politiques et sociales), contre les pratiques, les règles et les contraintes qui leur sont imposées, contre leur exclusion de l’espace socio-politique. Elle mettra en lumière, en deuxième lieu, des changements épistémologiques qui ont marqué le passage du XVIIe au XVIIIe siècle.
Cette thèse passe d’abord en revue la théorie féministe qui nous aidera à examiner des phénomènes relevés, avant de tracer l’évolution de la position des femmes étudiées face au cadre socio-idéologique et politique de leurs époques respectives. Un intérêt particulier est porté aux questions de l’aveu et de la direction spirituelle en tant qu’exemples de la médiation masculine, de leurs enjeux et de leurs conséquences pour les femmes, dont la plus importante est le contrôle de leurs corps et esprit. Les actions et les expressions du corps sont ici étudiées en tant que preuves d’une prise de conscience féminine; l’étude des diverses inscriptions scripturales de la résistance hétérodoxe s’avérera à cet égard capitale. Le corps féminin, objet et sujet de leur lutte pour les libertés individuelles et collectives, témoigne ainsi d’une lutte des femmes vers le bonheur et la justice.
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