Site de Benoît Melançon / Thèses canadiennes en littérature française du XVIIIe siècle


Dubeau, Catherine, «La lettre et la mère : roman familial et écriture de la passion chez Suzanne Necker (1737-1794) et Germaine de Staël (1766-1817)», Québec, Université Laval, mai 2007, 397 p. Dir. : Thierry Belleguic et Philippe Berthier (codirecteur).


Notre thèse interroge ce qui, dans le lien mère-fille et dans la représentation qu’en donnent Suzanne Necker et Germaine de Staël, dirige et travaille leur pratique de l’écriture. Plus précisément, nous envisageons chez l’une et l’autre auteures le lien ambivalent (fusionnel et conflictuel, coupable et nostalgique) à la mère comme expérience fondatrice et structurante de la passion, ultérieurement constitutive des motifs littéraires de la colère indomptable, de l’amour contrarié et de la culpabilité mortifère. La lecture conjointe de leurs œuvres (essais, journaux, correspondances et, dans le cas de Germaine de Staël, fictions théâtrales et romanesques) dévoile une relation orageuse, marquée par la rivalité, le remords, et dont l’expression apparaît indissociable des bouleversements sociopolitiques contemporains : Révolution, Terreur et Empire prêtent leurs emblèmes, tissant des réseaux analogiques entre les économies familiale et politique. Donner la vie et mettre à mort sont ici les faces antithétiques d’une même relation, par laquelle la lettre, tous genres confondus, oscille indéfiniment entre l’aveu amoureux et la déclaration de guerre. La notion de «roman familial», pierre angulaire de notre réflexion, jointe au double éclairage de la psychanalyse littéraire et de la sociologie de la littérature, permet de relire avec le meilleur profit des textes qui ne cessent de se poser comme actes de résistance-survivance en regard de contextes social, familial et politique éminemment conflictuels. L’étude se divise en trois parties, respectivement consacrées à l’analyse de la culpabilité et de la sociabilité dans les écrits intimes de Suzanne Necker, aux échanges épistolaires et «duels» d’écriture entre mère et fille (de l’enfance de Germaine Necker à la mort de madame Necker), puis à la lecture des fictions de Germaine de Staël, hantées par des configurations relevant de la culpabilité filiale et du despotisme maternel.

Publication : Dubeau, Catherine, la Lettre et la mère : roman familial et écriture de la passion chez Suzanne Necker et Germaine de Staël, Paris, Hermann, coll. «Collections de la République des lettres», série «Études», 2013, 451 p.


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