Quelques fondements historiques de l'harmonie tonale

Afin de bien comprendre en l'essence de l'harmonie tonale, il s'avère essentiel de connaître son origine, les bases historiques sur laquelle elle a pris naissance. Pour l'apprenti-musicien d'aujourd'hui, il va de soi que la notion d'accord est une entité autonome. Mais il n'en a pas été toujours ainsi.

À l'origine, la musique occidentale était essentiellement vocale et monodique. Au moyen-âge, les œuvres primitives à plusieurs parties sont souvent le résultat d'une doublure à la quinte de la mélodie principale. Les premières polyphonies dignes de se nom - avec une certaine indépendance des voix - sont constituées d'un assemblage de plusieurs voix complètes en elles-mêmes, et qui peuvent se chanter avec ou sans les autres voix.

C'est avec l'avènement de la polyphonie que l'harmonie a pris naissance. L'harmonie est l'art de rendre les superpositions de notes ´harmonieusesª. En fait, les théoriciens on établi une différence entre les notes consonantes et dissonantes, et établi des règles selon les usages et convenances de leur époque pour régir le contrôles des dissonances.

Jusqu'à la fin de la renaissance, l'harmonie n'existe que comme le résultat d'une superpositions de mélodies. La notion d'accord comme entité distincte n'apparaît que plus tardivement, à l'époque baroque, avec la mélodie accompagnée et de la basse continue. C'est dans ce contexte que se développe une esthétique où les accords peuvent exister pour eux-mêmes, sans être uniquement le fruit de la consonance des voix dans la polyphonie. Parallèlement, le sens de la tonalité s'affirme, alors que l'écriture modale disparaît, notamment à cause de l'usage généralisé de la sensible. L'influence de ces pratiques sur l'écriture polyphonique est de soumettre celle-ci à des impératifs d'ordre harmonique: organisation de la tonalité, cheminement harmonique, emprunt, modulation. Le plus illustre représentant de cette esthétique est sans conteste Johann Sebastian Bach.

Par la suite, la conduite des voix se simplifie au profit d'une complexification des parcours harmoniques, même si la pensée vocale demeure sous-jacente dans l'écriture. À la période classique, l'intérêt mélodique se concentre sur la mélodie principale et sur la ligne de basse, alors que les autres parties ont pour fonction de compléter les accords. Puis le romantisme innove en faisant intervenir les accords pour leur coloration particulière.

Ce n'est que dans la seconde moitié du romantisme, alors que le sens de la tonalité s'effrite progressivement, que s'opère un certain retour à la pensée polyphonique. Sans être imitée servilement, la vision des maîtres anciens est plutôt adaptée de manière inventive par les compositeurs. Par exemple, Mahler donne à chaque instrument de l'orchestre une autonomie mélodique très poussée. Puis au début du XXe siècle, plusieurs tendance se dessinent. D'une part l'atonalité et le sérialisme s'imposent en tant que système, notamment avec Schoenberg. D'autre part, la pensée tonale évolue de manière significative vers un élargissement de ses principes, notamment en intégrant la notion de modalité, avec des compositeurs tels que Messiaen.

En résumé

Pour l'étudiant en harmonie, les principaux points à retenir de cette évolution sont les suivants:

 

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